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31 janvier 2006 2 31 /01 /janvier /2006 03:27
Ils étaient là, sous la pluie, étrangers à ces terres, perdus. Ils avaient atterri hier, dans la nuit, sur une branche, avec leur soucoupe. La lune était pleine et était propice à leur sortie, ils s'étaient dit. Mais ils avaient omis un détail, ils ne connaissaient rien, aucun détail, aucune donnée sur les vies qui respiraient ici bas. Quand ils firent les premiers pas, ils étaient sur une presqu'île. Il n'y avait que le souffle du vent, la brise marine, le clapotis des vagues, et quelques crabes à moitié endormis...

Ils n'eurent l'occasion de consommer leur déception quand nul être ne répondit à leur appel : frêles comme deux feuilles, ils furent emportés par Eole, voyagèrent à dos de nuages. L'un appuya sur un bouton de sa blouse. Leur soucoupe les suivit. Ils virent le bon côté de ceci dans la beauté du ciel étoilé, dans les rivages qui en dessous se dessinaient, dans ce qui leur semblait les habitacles des créatures habitant cette planète. Puis leur vitesse diminua, les nuages perdaient de leur consistance, se vidaient en pluie, ils descendirent, perdirent de la hauteur, virent venir le sol avec appréhension. Le feuillage d'un prunier fit office de coussin, et ils furent de nouveau sur une branche, en entier. Leur soucoupe n'était pas loin, et ils se demandaient s'ils ne devaient pas attendre la fin de la nuit, regarder se lever la grande boule de feu, qu'ils intuitaient comme garant d'un cycle aux créatures de cette planète. L'autre décida de faire une dernière tentative. Dans la pluie battante, leur appel ne fut pas perdu pour tous. Une créature à la bouche pointue apparut à travers les branches, et alors qu'ils tentèrent de la saluer d'une révérence... ils furent gobés...

Ils étaient là, sous la pluie, étrangers à ces terres, perdus. Perdus, ils ne le seront plus, et étrangers non plus. Ils se sont fondus à la faune locale. L'ôte dans lequel ils étaient, et qu'ils tentaient dans leur langue natale, sans relâche, d'interpeller, fut quant à lui confronté aux dures lois de la nature. Un chat qui passait par là, à l'affût, n'en fit qu'une bouchée. La morale de la chaîne alimentaire était ainsi respectée : ces deux vers de l'espace finirent digérés par un oiseau qui avait terminé dans l'estomac d'un chat. Le bon côté des choses pour eux, c'est qu'ils auront vécu une fin dans une créature qu'ils auront pu étudier de prêt avant d'être digéré. Quant à la morale "finale", elle est pour moi... il va falloir que j'arrête de regarder Microcosmos et Men In Black dans la même soirée, juste avant de rejoindre la dimension de Morphée...

© Pascal Lamachère - 2001
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