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  • : La Plume Libre
  • : Citations, poèmes, nouvelles, en vers ou en prose, entre réalité et imaginaire, avec anthologie d'auteurs, blagues, du babillage en vrac... Et si vous aimez ce que vos yeux peuvent lire sur ce blog, je vous invite à lire mon recueil : http://laplumette.fr
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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 11:43
Pour (re)lire la première partie, cliquez ici



Sur le chemin de la Place Saint-Sernin, dans une petite place verte derrière la place du Capitole, alors que les rues commençaient à grouiller de voitures et de jambes alertes, que les ombres de la nuit laissaient définitivement place au voile d'or du jour, il s'arrêta devant une « scène de vie » : un vieux monsieur assis sur un banc en train de donner du pain aux pigeons et non loin, prêt d'un trio de ronds-troncs, un rouge, un bleu et un plus petit jaune, un jeune couple se chamaillant. Greendle se posa discrètement dans un point de vue qui lui permettrait de capturer l'orage fugace au sein de ce qu'il appellait le « kitsch toulousain » puis, après avoir appuyé sur le déclencheur, s'approcha du monsieur comme si de rien n'était, ou presque. D'un regard en coin, il vit un dernier éclair briser les cieux du couple. Ils devinrent deux personnes s'en allant dans une direction différente, du moins sur l'instant. Un peu honteux de son délit d'image, il adressa un sourire pincé à Gustave sur qui il reporta toute son attention. Il se présenta à son tour et lui demanda permission de prendre quelques photographies de son « occupation nourricière ». Après explication de la destination des clichés, du fait qu'il les prendrait de manière à ce qu'on ne le reconnaisse pas, il se mit à l'oeuvre, se focalisa sur le geste, les pigeons, les miettes. Une fois assez satisfait, il remercia son mannequin d'une poignée de mains et remit un pied devant l'autre.

Le long de la rue du Taur il repensa à la dispute. Il se fit un instant la réflexion qu'à trop rechercher la perfection on s'éloigne de soi et des autres, il en débattit ensuite en son fort. Qui sait ? Pas lui.

Il quitta ses pensées pour humer l'atmosphère. Bien vite, les premiers étals se profilèrent parmi les fourmis matinales, au croisement des pavés de la rue à moitié piétonne et de l'asphalte qui en tapissait une autre. Le jeune anglais se mêla aux toulousains, aux badauds, aux travailleurs en marche vers leur terrier, aux étudiants à laboure sortant du Crous et courant vers leur bus, aux gens venus simplement flâner de bonne heure. Il regarda sa montre. A l'instar des pressés, il n'avait plus trop le temps de prendre son temps.

Arrivé sur la place, Greendle oublia presque aussitôt le monde qui l'entourait. L'espace réservé au marché aux puces qui fleurait les alentours de la basilique, débordant à peine sur les ruelles, la place qui était meublée d'étals à auvents décorés de diverses marchandises, de camionnettes, de « tablées » en hauteur et à même le sol s'effacèrent dans ses noisettes verdâtres. Elles s'étoilèrent, se tapissèrent de vieux parchemins, de livres décatis et de livres quasi neufs, de livres faméliques et d'ouvrages volumineux, de couvertures glacées et de recouvertes de cuir écornées à différents degrés. L'amateur de littérature en tout genre en oublia même les marchands à la sauvette en train d'alpaguer le premier badaud, le premier passant venu. Plus discrets, des libraires assis au fond de leur siège attendaient patiemment que l'on vienne à eux en lisant un bouquin. Certains - les plus tardifs ? - s'occupaient à arranger la disposition de leurs « trésors ».

Tout en effleurant des yeux les paysages lettrés qui offraient leur surface, notre anglais commença à déambuler d'un pas nonchalant. Il savourait cet instant qu'il ne tarda cependant pas à échanger contre un autre. Une pancarte de fortune « Les plus grands auteurs du 19ème » semblait lui faire de l'oeil. Il s'arrêta devant une pile dédiée aux poètes.

- Bonjour monsieur ! salua le bouquiniste. Il poursuivit sans attendre qu'un mot ne sorte de la bouche de son client potentiel. Vous avez l'embarras du choix, que des chefs d'oeuvres !

- Bojour ! Est-ce que vos aïvez un Victor Hugo à me conseiller ? demanda Greendle avec son accent anglais tout en tournant la tête vers son interlocuteur à qui il adressa un léger sourire. On me l'a souvent conseillé pour parfaire maille culture sur votre littérature.

- Oh, un lord ! dit le vendeur avec une pointe d'humour. Oui ! J'ai, et on vous a bien conseillé. Enfin, vous voulez de la poésie ? ou des histoires épiques ? questionna-t-il en commençant à manipuler les livres. Quoi que je demande, mais de lui j'ai surtout des romans à vendre...

- Hmm... Je... Des histoires alors ?

- Si vous voulez, la semaine prochaine je pourrai vous dégoter un recueil de poèmes et un de ses plus grands classiques que j'ai vendu il y a peu. Mais si vous avez les moyens, j'ai cette superbe édition de L'Homme qui rit. Sur la couverture il y a une magnifique héliogravure. C'est inspiré d'un pan de l'histoire anglaise. Et ça tombe bien, vous êtes anglais si je ne m'abuse ?!

Le bouquiniste lui tendit un volumineux livre tout de cuir noir vêtu, il sentait bon le parchemin. Greendle hocha positivement la tête, ses lèvres se fendirent en un fugace large sourire et il apprécia le contact avant de prendre un air interrogateur.

- Vous m'avez dit si j'ai les moyens ? s'inquiéta Greendle.

Une brève négociation s'ensuivit puis, les deux parties satisfaites des termes de la transaction qui tenaient en deux beaux billets de vingt euros, il mit la main dans sa besace, paya, rangea, salua et reprit sa déambulation. Il n'avait plus vraiment le temps, ni l'argent, il continua néanmoins à chiner. D'autres merveilles lui tendaient les pages et il ne voulait pas louper celle qui le ravirait. Il enchaîna ainsi les étals des bouquinistes.

Différentes trouvailles, un livre sur les globe-trotteurs d'une plume vagabonde, un d'un autre romancier célèbre, un sur une pièce de théâtre d'un auteur-comédien tout aussi réputé, attirèrent son attention... sans qu'il n'en fasse l'achat.

Dans un virage, alors qu'il avait presque fait le tour du marché aux puces, de l'offre de ces vendeurs de vagues d'hier, de voyages intemporels en périphérie, en long en large et au travers l'âme humaine, et alors qu'il s'apprêtait à sortir son appareil photo pour graver la place dans les octets, garder une trace des autres chineurs qui brassaient les livres, les marchandises avec une conviction proportionnelle à leur prix, c'est parmi un des rares vendeurs de brocante non littéraire et non vestimentaire, le samedi étant plus ou moins consacré aux livres et aux ajouts de « peaux », que Greendle posa instinctivement ses yeux sur ce qui aurait pu être sa plus belle acquisition du jour.

à suivre / to be continued

© Pascal Lamachère - mai 2008

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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 17:42

Oyez !

J'ai décidé de lancer des petits jeux de plume sur le blog lié à mes sites. Le premier est un cadavre exquis auquel tout le monde peut participer s'il en a l'élan.

Rendez-vous là :

http://20six.fr/touga/art/43732599/Premier_jeu_plumeux_un_cadavre_exquis_camp...

Pour le roman à suivre, je mets ci-après le premier passage. J'essayerai de partager un bout de suite toutes les semaines.

Bonne fin de week-end, bon début de semaine, :),

Pascal


Les pages déchirées - roman à suivre


Chapitre 1 - Greendle et la plume chinée


« Un crin de lumière transperce
Dans sa course,
Une ombre se déchire,
Un trou dans le mur
Et l'impression d'infini au-delà... »

Tel est le chemin à venir d'un type, un homme baptisé Greendle. Il se considérait, s'était considéré ordinaire jusqu'à ce que...

« Le printemps danse
avec les nuages et le soleil,
dans les rues les fleurs s'ouvrent,
les étoiles s'y éparpillent... »

Un beau jour de mai, ces quelques mots chantés accompagnés d'une musique classique diffusée par son radio réveil le firent s'écumer vers le monde du réveil. Branché sur sa radio favorite, il enleva sa couette, s'étira puis resta quelques instants allongé, repensant aux songeries de la nuit qui ne se s'étaient pas encore évaporées vers la dimension hors de portée des éveillés. Une fois fait, il se tourna vers le callepin posé sur la table de chevet, légèrement à cheval sur sa paire de lunette, non loin de l'appareil sonnore. Après un instant d'hésitation, il se leva, saisit le calepin de fortune dans lequel était glissé en marque page un stylo et se mit à scribouiller tout ce qu'il venait de passer en revu.

« la saison déraisonne,
l'homme raisonne,
des bouts de terre grognent... »

Greendle appuya sur le bouton off, fit trôner sur son nez légèrement aquilin la monture cuivrée de ses lunettes rondes, se diriga vers la petite salle de bain de son 23 mètres carré. Devant le miroir au dessus de l'évier, il plissa ses petits yeux, « contempla » son reflet de jeune homme de 28 ans. Ses cheveux bruns, bien qu'assez courts, avaient trouvé le moyen de se mettre en vrac, il les ébouriffa, passa ensuite ses mains sur sa fine moustache, sa barbe naissante et enfin ses pommettes saillantes avant de traîner son corps d'allure commune sous la douche.

« I hoope a day
loove will knock in my hearth
and the suun shine
and the suun... »

De sa voix anglaise, ce jeune photographe-reporter se prit à chantonner avec sa voix chaude et mélodieuse de la soupe d'un boys band bien de chez lui. Bien qu'il avait eu le courage de s'expatrier en France, à Toulouse, Greendle se définissait lui-même comme un baroudeur pantouflard et aimait bien avoir ses repères lui rappelant sa terre d'origine, aussi peu à son goût soient-ils. Ceci dit, cette chanson traduisait plus un manque. Célibataire presque endurci, il avait gâché toutes ses potentielles relations depuis sept bonnes années, fait fuir toutes les femmes qui s'intéressaient à lui. Il en regrettait un certain nombre, parfois une plus que les autres, mais au fil du temps les regrets changeaient de tête, ce qui en soit, se raisonnait-il, était la preuve qu'il n'y avait paradoxalement rien à regretter. Toujours est-il qu'il avait l'élan pour compenser, en apparence, ce vide : il menait de front deux jobs, enfin, plutôt deux postes, l'un de correspondant photographe-reporter pour un journal anglais, l'autre de photographe reporter pour un local. Son temps libre en était devenu peau de chagrin. Toutefois, il se débrouillait pour grappiller, lier les activités et ne se plaignait pas de son sort. Ainsi, aujourd'hui, samedi, il avait décidé de faire son « shopping » en se rendant sur son lieu de reportage...

Douché, coiffé, « déodorisé », habillé, le sac - préparé la veille - en bandoulière sur l'épaule gauche, Greendle était paré. Plus par habitude, par acquis de conscience quasi obsessionnelle que par nécessité, il vérifia sur son agenda virtuel le programme de la journée. Il n'y avait rien de bien différent des autres jours, il savait déjà où il devait aller, ce qu'il voulait faire avant. Il rangea son agenda, éteignit la lumière et sortit...

« L'ombre diaphane
des promesses de la nuit
s'évanouit
au creux de la volonté
trop acérée... »

Dans la fraîcheur matinale de la ville, non loin du Grand Rond, il regarda sa montre à aiguilles qui indiquait 6 h 45. Il avait le temps de prendre son breakfast dans un bar et de flâner sur le marché aux puces et à la brocante de la Place Saint Sernin. Sur le chemin, il se choisit donc une petite table près d'un coin de verdure, en plein un hot-spot wifi gratuit. Il passa commande et posa devant lui son petit ordinateur portable pour checker ses messages.
Celui d'une amie-du-net japonaise fit à ses lèvres former un large sourire. Expatriée sur une île, qu'elle lui avait dit, ne précisant ni le nom ni « l'emplacement géographique approximatif », ses envolées fleuraient bon la lumière et la chaleur équatorial. Il avait entamé des échanges épistolaires avec elle par l'entremise d'un site de poésie shakespearienne. Après que le serveur ait déposé son thé, son jus de pamplemousse, son croissant et son oeuf au plat, après un « mirci » et l'entame des mets, il rédigea sa réponse :

« Cher Liloo,

J'ai lu avec grand plaisir ce que tu m'as envoyé, voici un petit écho pseudo poétique en guise de claviardage impressionnatif :

Le paysage de tes mots m'émeuvent,
je les imagine murmurer aux vagues
la beauté de la terre qu'elles ne peuvent toucher,
qu'elles admirent au travers de leur écume,
je les imagine porter par elles et venir toucher d'autres rives
comme une bouteille à la mer traversant l'océan
et échouée avec amour,
transformant le rocailleux
en une myriade de sable fin...

@micalement,
Greegree »

Greendle cliqua sur « envoyer » puis engloutit ce qui restait, rangea son ordinateur et prit congé...


to be continued / à suivre
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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 19:41
Une amie artiste m'a fait l'honneur de mettre quelques uns de mes textes en valeur sur son site. Si vous voulez les y lire, c'est par là :

« La valse à quatre temps » et « Une histoire d’arbre entremetteur »

«
Origontemps, ou le Jour et la Nuit, bataille "Manichéenne" »


Vous pouvez aussi y lire des contes, histoires d'autres plumes sur la page dédiée (cliquez ici pour accéder au menu d'Ode & Co)

Dont « Le Berger de l'Isle »

« Matin humide »

« Échappée belle »


Bonne tranche de lecture :)
Pascal


p.s : en ptit délire, me suis amusé à essayer de "réciter" un des deux contes il y a quelques jours. Je l'ai fait à la va vite, c'est fait maison en trèès amateur, mais si vous avez la curiosité d'écouter à quoi ressemble ma voix, cliquez ici pour écouter conter « La valse à quatre temps ».
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3 février 2006 5 03 /02 /février /2006 22:35
Ecrit collectif auquel j'ai participé, bonne lecture !

http://www.mondalire.com/saison/parfois.htm
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